En 1909, le renommé chorégraphe Sergei Diaghilev demanda au jeune Maurice Ravel de composer une nouvelle œuvre pour Les Ballets Russes. Ravel choisit alors Daphnis et Chloé – une captivante histoire d'amour grecque. Sa démarche, centrée sur la couleur et l'atmosphère, suscita d'abord incompréhension et résistance – mais Stravinsky fut conquis : « Ce n'est pas seulement la meilleure œuvre de Ravel, c'est aussi l'une des plus belles œuvres de la musique française. »
découvrir plus« L’Europe : d’un idéal à une utopie ? C’est le grand arc que trace EUtopia. Composée en un seul mouvement, l’œuvre débute de manière lumineuse et pleine d’espoir – à l’image de l’idéal européen – avec des timbres orchestraux harmonieux, naturels et aériens. On y retrouve également un clin d’œil à la dodécaphonie, ce système à douze sons qui a fondé le sérialisme et symbolisé le renouveau musical dans l’Europe d’après-guerre. À cette époque, l’Europe était un projet de reconstruction, porteur d’une promesse de paix et de liberté.
Mais lorsque j’ai commencé à écrire cette composition, à l’été 2023, des accords étaient conclus pour maintenir des personnes à l’extérieur des frontières européennes, d’une manière qui, selon moi, ne correspondait plus aux valeurs fondatrices de l’Europe. Cela s’est répercuté dans la musique : après une introduction insouciante, des distorsions et des bruits entrent dans les sons purs. La tension monte, la texture s’épaissit, jusqu’à ce que la masse sonore culmine dans une série de coups de cloche. Ceux-ci citent « Alle Menschen werden Brüder » de Beethoven – comme un vaste cantus firmus, étiré dans le temps. D’abord dans sa version originale, puis repris en mineur. Peut-être subsiste-t-il encore un espoir (perdu ?) : l’Europe ne s’est finalement pas révélée être cette utopie, mais à travers la musique, le message de L’Ode à la joie continue de résonner. »
— Annelies Van Parys, 2024