Brussels Philharmonic | Interview Oren Ambarchi

Interview d'Oren Ambarchi

« Nous allons improviser. Il s’agit d’une interaction entre Ilan, l’orchestre et moi. »
- Oren Ambarchi

Oren Ambarchi est un compositeur captivant. Sa musique se situe à la frontière de divers courants, allant de la musique électronique à l'improvisation et au minimalisme, en passant par le rock et la composition de chansons, jusqu'aux œuvres dans le style de Morton Feldman et Alvin Lucier. Son album Quixotism a été listé parmi les 50 meilleures sorties de 2014 par le magazine The Wire, et la même année, Pitchfork l'a désigné Artiste Expérimental de l'Année.

Le 25 mai, il montera sur scène avec le Brussels Philharmonic et Ilan Volkov. Ensemble, ils interpréteront sa composition Sous Vide. Envie d'en savoir plus ? Lisez l'interview ci-dessous.

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live en concert

Vivez l'expérience Sous Vide en direct avec Oren Ambarchi, Ilan Volkov et le Brussels Philharmonic lors du concert Scelsi Sound Magic à Flagey.

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Vous avez composé Sous Vide en 2022. Est-ce une pièce improvisée ?

Oui, nous allons improviser. Il s’agit d’une interaction entre Ilan, l’orchestre et moi. À certains moments, je mène, et Ilan fait réagir l’orchestre à ce que je fais. Puis je réponds à mon tour à l’orchestre, et ainsi de suite.

Comment improvise-t-on avec un orchestre ? Les musiciens ont-ils une partition ?

Ilan et moi avons élaboré une espèce de langage musical et quelques repères pour l’orchestre. Il fera des signes et des gestes qui représentent différentes manières de jouer ; il ne s’agit donc pas d’une partition dans le sens conventionnel du terme. Nous utiliserons peut-être une tonalité ou un accord particulier, celui que j’utilise sur ma guitare, mais nous définirons surtout les repères.

D’où vient l’idée de composer en temps réel ?

Ilan est très ouvert et connaît bien la musique expérimentale. Il est également très ouvert aux techniques de direction atypiques, comme celles de Butch Morris, et il sait comment les traduire pour les musiciens d’orchestre.

Ilan et moi avons déjà joué l’œuvre plusieurs fois. La première fois, c’était il y a des années, lors de la première édition de son Tectonic Festival à Reykjavik. Nous y avons créé l’œuvre avec l’Orchestre symphonique d’Islande. Nous l’avons encore jouée lors d’autres éditions du Tectonic Festival à Adélaïde et à Athènes, et à chaque fois, c’était complètement différent.

Il semble logique qu’une pièce improvisée soit différente à chaque fois qu’elle est jouée. Comment Sous Vide change-t-elle à chaque représentation ?

Je pense que la pièce reflète l’évolution de mon jeu au fil des ans. J’utilise la guitare davantage comme un générateur de sons que comme une guitare conventionnelle. La première fois, à Reykjavik, le son était beaucoup plus dense, comme une grosse masse. Cela ne m’intéresse plus vraiment aujourd’hui, où je joue davantage avec le silence et l’espace ; j’aime les choses qui prennent du temps pour se développer.

Le lien entre les différentes versions de la pièce est qu’elle est lente et que les sons apparaissent sans que l’on s’en rende vraiment compte. Cela prend du temps, et c’est ce qui m’intéresse. C’est une façon d’étirer le temps.

D’où vous est venu le titre Sous Vide ?

Il faut savoir que j’aime beaucoup manger, et j’aime l’idée qui sous-tend la technique de cuisson sous vide : c’est une méthode lente, qui prend du temps. Il y a donc de l’humour. Je pense qu’il est important de ne pas se prendre trop au sérieux, et ce titre est un peu impertinent.

Comment pensez-vous que les musiciens et le public vont réagir ?

C’est difficile à dire, car chaque orchestre et chaque public sont différents. J’ai travaillé avec des orchestres qui étaient plus coincés que d’autres, pas très ouverts, mais aussi avec des orchestres qui trouvaient ça rafraîchissant, qui n’avaient pas souvent l’occasion de faire des choses comme ça, c’était comme un nouveau terrain de jeu pour eux ; certains sont vraiment prêts à relever le défi ! La dernière fois que nous avons joué cette pièce, à Athènes, le public a réagi positivement.

L’improvisation apporte un élément de risque : la musique devient vivante et audacieuse. Elle ouvre les oreilles des auditeurs, elle est différente de ce qu’ils ont l’habitude d’entendre. Je pense que le public perçoit cet élément de tension. C’est tout à fait différent d’un récital.

Le programme comprend aussi des œuvres de Scelsi et de Murail. Connaissez-vous bien leur musique ?

Oui, je suis un grand fan de Scelsi. J’aime particulièrement la façon dont il traite le son et qu’il y ait beaucoup de détails dans le matériau limité de sa musique. Le fait qu’il n’était pas musicien et qu’il était un marginal dans le contexte classique me parle aussi. Il est très inspirant. Il est très important et pourtant, sa musique est rarement donnée en concert.

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