Comme directeur de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le compositeur allemand Felix Mendelssohn (1809 - 1847) décidait d'honorer Ferdinand David, un ami d'enfance et violiniste de talent, qui était aussi le Konzertmeister de l'orchestre, et de lui dédier un concerto pour violon. Il se mit déjà au travail en 1838, mais l’œuvre ne fut achevée qu’en 1844. La carrière internationale très active de Mendelssohn l’empêchait d’y travailler sans interruption, même si sa correspondance avec David témoigne de son enthousiasme.
Mendelssohn et David discutèrent longuement des parties solos. C’est en partie grâce aux conseils du violoniste que le concerto devint l’une des œuvres les plus célèbres du genre. La combinaison de lyrisme et de virtuosité, les lignes mélodiques qui semblent s’écouler du violon naturellement et sans effort et l’exploitation du plein potentiel technique du soliste assurèrent le succès de l’œuvre.
Mendelssohn, qui interprétait notamment les grandes œuvres de Beethoven et de Bach avec l’Orchestre du Gewandhaus, s’inspira des formes classiques de ses prédécesseurs. En tant que compositeur romantique, il prit bien sûr la liberté de traiter cet héritage de manière créative et d’adapter les formes et structures rigides à sa propre expression et à son imagination artistiques. Il introduisit ainsi un certain nombre d’innovations structurelles importantes. Son Concerto pour violon ne comporte pas de mouvements séparés : les différentes parties sont soudées au bénéfice de l’énergie et de la continuité. Par ailleurs, la cadence occupe une place plus centrale et est entièrement écrite, ce qui constitue également une rupture avec le passé, où la cadence était improvisée pour permettre au soliste de faire la preuve de ses capacités.
Le Concerto pour violon a été repris dans le canon des chefs-d’œuvre européens et fut une source d’inspiration pour de nombreux compositeurs. Aujourd’hui encore, il n’a rien perdu de son impact musical : il est toujours au programme de tous les grands solistes et fait également partie du répertoire classique des jeunes prodiges. Le concerto permet au violoniste de réaliser une interprétation sublime, il requiert de la virtuosité, tandis que le public ne peut qu’en redemander au terme d’un final éclatant.