Brussels Philharmonic | Qui est Philippe Boesmans ?

Qui est Philippe Boesmans ?

Le 14 mars, nous célébrons la vie et l’œuvre de Philippe Boesmans (1936–2022), l’une des voix les plus singulières et influentes de la musique belge.
Qui était-il ? D’où venait-il, quelles œuvres l’ont conduit à la reconnaissance, et comment a-t-il réinventé le genre de l’opéra ? Voici Philippe Boesmans en résumé.

Hommage à Philippe Boesmans · 14.03.2026 · Flagey

Un hommage musical à Philippe Boesmans (1936–2022), figure incontournable de la création musicale belge. Ancien compositeur en résidence à La Monnaie et maître du souffle dramatique, Boesmans a bâti une œuvre à la fois raffinée, accessible et profondément humaine.

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« l'anarchiste »

Le compositeur Philippe Boesmans naît le 16 mai 1936 à Tongres, dans le Limbourg – un lieu où la vie culturelle était alors quasi inexistante. « Aucun concert n’était organisé. Il y avait un kiosque pour les fanfares et harmonies, et il y avait la radio », confiera-t-il plus tard. Dans cette petite ville provinciale, proche de la frontière linguistique, il se forge la réputation d’un « anarchiste », en raison de son engagement social. Après des études au Conservatoire de Liège, il s’installe à Bruxelles, où il adhère même au Parti communiste.

Pastiche à la RTBF

Boesmans ambitionnait d’abord une carrière de pianiste de concert, mais son professeur Stefan Askenase le lui déconseilla. Au sein du groupe liégeois rassemblé autour d’Henri Pousseur, il découvre la scène musicale contemporaine, où l’expérimentation électroacoustique nourrit la création sonore. Séduit par cet univers, Boesmans se met à composer et, grâce à son emploi à la RTBF, peut affiner sa maîtrise. Pour les feuilletons radiophoniques et documentaires du réseau francophone, il écrit des pastiches – de la musique originale dans le style d’autres compositeurs. Plus tard, ses opéras regorgeront eux aussi de clins d’œil à ses pairs, anciens et contemporains.

Une succession de commandes

Philippe Boesmans est avant tout connu comme compositeur d’opéra – un genre presque moribond au milieu du XXe siècle. Dans les années 1980, Gérard Mortier, alors directeur de la Monnaie, lui commande une nouvelle œuvre : La Passion de Gilles (1983). Le succès marque le début d’une longue collaboration. À partir de 1985, Boesmans devient compositeur en résidence de la maison d’opéra, où il crée plusieurs productions majeures. Certains critiques inscrivent sa seconde œuvre, Reigen, au panthéon de l’opéra moderne ; la partition est même publiée dans la prestigieuse collection L’Avant-scène Opéra. Toutes les œuvres lyriques de Boesmans seront créées à Bruxelles, la plupart en première mondiale.

Un lauréat, même à la retraite

Lorsque sa résidence à la Monnaie prend fin en 2006, Boesmans prend officiellement sa retraite un an plus tard. Mais la passion artistique ne se retire jamais : il continue à composer. Yvonne, Princesse de Bourgogne est créée à Paris en 2009 ; Au Monde (2014) lui vaut un International Opera Award. Bien avant cela, il avait déjà reçu plusieurs distinctions majeures, notamment le Prix Italia en 1971 pour Upon La-Mi et, plus encore, le Prix Arthur Honegger en 2000, couronnant l’ensemble de son œuvre.

Un humour scatologique posthume

« Je ris même du morceau quand je compose seul », confiait Boesmans peu avant sa mort à propos de son dernier opéra, On purge bébé. Depuis des années, il rêvait de mettre en musique la vaudeville de Georges Feydeau, où un enfant constipé refuse de prendre son laxatif. Au Festival d’Aix-en-Provence, il trouve en Richard Brunel un compagnon de route idéal dans cette aventure scatologique. Boesmans ne verra pourtant pas son projet de cœur aboutir : il s’éteint le 10 avril 2022, un peu plus de six mois avant la première de l’œuvre.