The Northern Shore for Percussion, Piano and Chamber Orchestra
Barbara Monk Feldman, 2025
J’ai toujours considéré le timbre — ou la couleur sonore — comme l’un des éléments les plus essentiels de la musique. Pour moi, la couleur et le silence sont les outils qui permettent à la musique de respirer. Ma réflexion sur le timbre est intimement liée à celle du temps musical : le temps est comme une toile blanche qui attend d’être colorée. Pour que la couleur puisse jouer un rôle formel — ce que je cherche à atteindre — je pense davantage à un processus d’« évaporation » qu’à une construction.
The Northern Shore a été initialement conçue comme une œuvre unique avec deux orchestrations possibles. J’ai composé un trio pour piano, percussions et violon, tout en écrivant parallèlement une version orchestrale où l’orchestre remplace la partie de violon. Mon intention était de conserver les mêmes parties de piano et de percussions dans les deux versions. Cela impliquait de trouver le juste équilibre de couleurs et de densité dans ces deux instruments, afin de pouvoir dialoguer aussi bien avec un violon qu’avec un orchestre. Dans certaines sections, je recherchais une légèreté du timbre — une apesanteur sonore évoquant la flottement d’un rêve.
Pendant de nombreuses années, je n’étais pas satisfaite de la version orchestrale. Finalement, en 2018, j’ai décidé de réviser l’œuvre : j’ai modifié les parties de piano et de percussions, et composé de nouvelles sections pour l’orchestre. Le résultat est l’œuvre présentée ce soir en création.*
La forme de cette nouvelle version s’apparente à celle d’un concerto, avec un dialogue entre l’orchestre, le piano et les percussions. On associe généralement la dissonance à l’harmonie, mais l’une de mes intentions majeures était d’explorer la chromaticité non seulement dans l’harmonie, mais aussi dans le timbre.
Le titre de l’œuvre est inspiré d’un paysage marin situé dans l’est du Québec.
-----
* [04.10.2025 · Barely Minimal]