Brussels Philharmonic | enigma, variations

Enigma Variations

NOTES DE PROGRAMME

explications : AURÉLIE WALSCHAERT

Jean Sibelius Concerto pour violon en ré mineur, op. 47 (1904)
Edgar Elgar
Variations sur un thème original pour orchestre, op. 36 (Enigma) (1899)

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24.10.2025 FLAGEY BRUXELES

« L’énigme, je ne l’expliquerai pas – sa “formule obscure” doit rester sans réponse ... »

– Edward Elgar

Enigma Variations

En plus d’être musicien et compositeur, Edward Elgar (1857-1934) était un grand amateur d’énigmes et de cryptogrammes, qu’il allait jusqu’à intégrer dans sa musique, comme en témoignent les célèbres Variations Enigma. Le terme « Enigma » fait référence aux surnoms codés ou aux initiales de ses amis représentés dans les variations, mais aussi à un thème « fantôme » sur lequel l’œuvre serait basée. Ce thème n’est pas joué ; il est donc entouré de mystère depuis la création de l’œuvre.

Le début du Concerto pour violon en ré mineur de Jean Sibelius (1865-1957) est tout aussi mystérieux. Après un sombre début, la mélodie grimpe vers les régions les plus élevées et un vaste paysage symphonique se déploie. Malgré une création désastreuse, l’unique concerto pour violon du compositeur devint l’un des concertos préférés de nombreux solistes. C’est le cas de Liza Ferschtman : « C’est une pièce des extrêmes, à la large palette d’émotions. [...] Pendant un peu plus d’une demi-heure, on est plongé dans un univers à couper le souffle. »

Du flop au top

Sibelius ne composa qu’un seul concerto pour violon, alors qu’enfant, il rêvait de devenir violoniste. Le compositeur finlandais coucha ses premières idées sur papier en 1899, mais ce n’est qu’à l’automne 1903 qu’il put s’y consacrer pleinement. Quelques mois plus tard, sa femme Aino écrivit dans une lettre : « Il a tellement de thèmes en tête que cela lui donne le vertige. Il reste éveillé toute la nuit et les joue incroyablement bien. »

Sibelius dédia d’abord son Concerto pour violon au célèbre violoniste Willy Burmester, qui devait le créer à Berlin. Mais la première eut finalement lieu à Helsinki, et comme Burmester n’était pas disponible, Sibelius se tourna vers le violoniste et pédagogue hongrois Victor Nováček. Ce dernier accepta de le jouer, mais n’eut que peu de temps pour répéter l’exigeante partie soliste, Sibelius n’ayant achevé l’œuvre que juste avant la représentation, le 8 février 1904. Le concert fut un fiasco, à la suite de quoi Sibelius édicta l’interdiction de jouer l’œuvre dans cette première version : « Je vais reprendre mon concerto pour violon ; il ne sera pas publié avant deux ans. Le premier mouvement doit être réécrit, les proportions de l’Andante doivent être revues, etc. »

Cet été-là, Sibelius quitta Helsinki pour sa maison de campagne d’Ainola, au bord du lac Tuusula. C’est là qu’il retravailla tranquillement son Concerto pour violon, qui devint la version que l’on connaît et apprécie tant aujourd’hui. Richard Strauss en dirigea la création le 19 octobre 1905, avec Karel Halíř en soliste. Aujourd’hui, l’œuvre figure au répertoire de presque tous les grands violonistes. Il s’agit d’une pièce véritablement virtuose, même si Sibelius s’efforça de trouver un équilibre entre démonstration technique et mélodie. Il s’amusa également à déjouer les attentes en matière de structure formelle : la cadence habituelle du soliste est placée au milieu du premier mouvement, servant ainsi, dans cette forme sonate, de développement. La véritable virtuosité est réservée pour la fin : alors que c’est le lyrisme qui prévaut dans le premier et le deuxième mouvement, le soliste doit réaliser des prouesses vertigineuses, en particulier dans le dernier mouvement, afin de rester en selle dans la danse endiablée.

Ode à l’amitié

Les Variations Enigma, l’une des œuvres les plus connues du compositeur britannique Edward Elgar, naquirent comme par hasard. Après une longue journée de cours, en octobre 1898, Elgar était assis au piano et improvisait tranquillement. Lorsque sa femme Alice lui demanda ce qu’il jouait, le compositeur répondit : « Ce n’est rien, mais on pourrait en faire quelque chose. » Et, à partir du thème qui plaisait tant à sa femme, il composa quatorze variations.

« Commencée dans un esprit humoristique et poursuivie avec un profond sérieux » : c’est ainsi qu’Elgar décrivit l’œuvre qui allait constituer son plus grand succès. Il l’appela d’abord Variations sur un thème original avant de la rebaptiser Variations Enigma et de la dédier à ses « amis décrits ici ». Mais comme le suggère le terme « énigme », les variations ne sont pas des portraits explicites : il s’agit de références plus subtiles à un trait de caractère spécifique ou parfois à un événement vécu avec la personne concernée. Elgar désigna chaque variation par un surnom qu’il était le seul à connaître ou par des initiales – la première variation s’appelle « CAE », du nom de sa femme Caroline Alice Elgar. La variation la plus connue est sans aucun doute la neuvième, « Nimrod », d’après le chasseur de l’Ancien Testament. Elgar la dédia au critique musical et éditeur allemand August Jäger (« chasseur »), qui joua un rôle important dans sa carrière. La variation fait écho à une citation de la Huitième Sonate pour piano de Beethoven, le compositeur que Jäger citait toujours en exemple lorsqu’Elgar connaissait un passage à vide.

Le « codage » d’Elgar pour cette série de portraits fut craqué assez rapidement. Mais le plus grand mystère de cette œuvre ne put être élucidé par personne, même plus de cent ans après, malgré de nombreuses recherches et spéculations musicologiques, ce qui était bien sûr l’intention d’Elgar.

« Je ne dévoilerai pas l’énigme, son mystère devant être conservé. Je dois vous avertir que le rapport entre le thème et ses variations est extrêmement ténu. De plus, il existe un thème qui englobe le tout, mais qui n’est jamais “joué”. Le thème principal n’apparaît donc jamais, comme dans certaines pièces de théâtre où le personnage principal n’est pas sur scène. »

ENIGMA VARIATIONS optie Dominique Brion Selfie 2

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« Une énigme obscure qu’il ne faut pas percer. » Quatorze variations sur un seul thème : cela peut sembler simple, presque banal – voire un peu ennuyeux. Et pourtant, ce jeu musical qu’Elgar improvisa un soir au piano devint l’un des grands classiques du répertoire symphonique.

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Elgar Deconstructed · Florestan Bataillie · 24.10.2025

Lors de cette conférence, le pianiste et conteur passionné Florestan Bataillie vous plonge dans l’univers mystérieux des Enigma Variations d’Edward Elgar. Avec une approche vivante et accessible, il dévoile comment chaque variation brosse le portrait intime d’une personne ayant profondément marqué la vie du compositeur. Que vous soyez un mélomane averti ou simplement curieux : tout le monde est le bienvenu, et aucune connaissance préalable n'est requise !

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Matinee: Enigma Variations · 26.10.2025 · Flagey

"Een geheimzinnig raadsel dat onopgelost moet blijven." Veertien variaties rond een enkel thema: het lijkt eenvoudig, banaal – saai zelfs. Maar de muzikale spielerei die Elgar na een avondje droedelen aan de piano neerpende, groeide uit tot een van de bekendste werken uit het symfonisch repertoire. "Een oud verhaal, maar eeuwig jong: Romeo en Julia." Romeo en Julia is het ultieme liefdesverhaal, dat in de handen van Tchaikovsky een meeslepend muzikaal drama vol hartstocht, spanning en lyriek wordt.