Brussels Philharmonic | interview de Mirela Ivicevic

interview de Mirela Ivicevic

« LIBRE, ÉNERGIQUE, EXPLOSIVE – MIRELA IVICEVIC EST L’UNE DES COMPOSITRICES LES PLUS FASCINANTES DE SA GÉNÉRATION » (SHILLA STRELKA)

Le 23 mars prochain, le Brussels Philharmonic assurera la création d’une œuvre nouvelle de la compositrice croate Mirela Ivičević, une œuvre rebelle, personnelle et ancrée dans le présent.
Vous êtes curieux d’en savoir plus sur la personne qui se cache derrière cette musique ? L’interview ci-dessous en dresse le rapide portrait.

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en concert

Découvrez la création de Mirela Ivičević avec le Brussels Philharmonic le 23 mars à Flagey.

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Qui est Mirela Ivičević ?

Je suis né à Split, en Croatie, dans une famille multiethnique. La recherche d’un lien entre les personnes, les cultures et, finalement, les matériaux sonores a donc toujours fait partie intégrante de ma vie.

Je ressens une joie extrême à faire se côtoyer des structures apparemment contrastées, comme on l’entend généralement dans ma musique, quel que soit le sujet de la pièce. J’essaie également d’y intégrer des expériences personnelles chaque fois que c’est possible : c’est pour moi la manière la plus honnête et la plus efficace de communiquer à travers les arts.

Si votre style musical était un type de cuisine, lequel serait-il ?

Ce serait sans aucun doute un buffet. Comme lorsque, à l’occasion d’une fête, on goûte tous les mets qui sont sur le buffet, même ceux que l’on n’aurait jamais pensé essayer. Un buffet, c’est aussi, selon les lois de la cuisine, mettre dans une même assiette des aliments qui ne sont pas conçus pour aller ensemble. C’est bizarre, mais toujours savoureux. Enfin, pas toujours, mais souvent, étonnamment.

Parfois, les plats que vous connaissez déjà vous déçoivent, parce que votre grand-mère les prépare bien mieux, mais d’autres vous renversent. Même si ce ne sont pas ceux que vous mangeriez tous les jours, vous vous réjouissez de les déguster de temps en temps.

Y a-t-il un moment particulier de votre carrière qui se distingue par sa charge humoristique, l’embarras qu’il a causé ou l’importance qu’il revêt ?

Je ne crains pas l’embarras, je pense que tous les artistes ont une personnalité un peu histrionique : nous sommes à l’aise avec l’attention qu’on nous porte, même si elle est négative. Je me souviens m’être rendue à Donaueschingen avec des membres du Klangforum Wien qui plaisantaient sur le fait de savoir lequel d’entre nous, jeunes compositeurs, avait le plus de chances de se faire huer par le public. En effet, on vous y hue si l’œuvre n’est pas appréciée ! Moi, je me disais : « Bon, au moins, je n’ai pas passé plus d’un mois sur ce morceau ! » Finalement, personne n’a été hué, le concert s’est très bien passé. C’est également à cette occasion que j’ai rencontré Ilan (Volkov). C’est lui qui dirigeait.

Je suis toujours très touchée lorsque je vois le public essuyer quelques larmes. Non pas que je compose dans ce but, mais ça arrive, et c’est magnifique de voir à quel point la musique a le pouvoir de nous mener, nous les humains, à un état de béatitude. Elle nous fait ressentir de plus grandes choses, en nous-mêmes et pour les autres. C’est l’une des raisons pour lesquelles je fais de la musique.

Quelles sont vos œuvres orchestrales préférées ?

Le répertoire que j’écoute s’étend de Bach à Lachenmann. Je me soucie fort peu du style ou de l’époque, ce que je veux entendre, c’est l’authenticité impitoyable du morceau, et celui qui y parvient m’a gagnée. Lachenmann me bouleverse, parce rien de ce qui a été écrit auparavant ne sonne comme lui.

Mais juste après, vous me trouverez en train d’écouter un morceau de Georg Friedrich Haas, par exemple. Si sa musique est pleine de références, elle n’en est pas moins totalement la sienne. J’aime aussi le son nerveux et énergique des pièces pour orchestre de solistes de Beat Furrer, mais j’évolue également lentement vers Atmosphères de Ligeti.

On dit souvent avec humour que les membres d’un orchestre ressemblent à leur instrument. Quel instrument seriez-vous ?

Les compositeurs sont des saxophones, sans aucun doute. Ou des guitares électriques. Ou tout ce qui n’a pas sa place dans l’orchestre traditionnel, parce que le son est vraiment différent lorsque nous sommes là : les musiciens sont beaucoup plus attentifs et conscients de la façon dont leur instrument sonne lorsque nous sommes dans le champ.

Je suis sûre que ma mère dirait que je suis un piccolo, très petit mais capable de faire beaucoup de bruit.

Si vous aviez l’occasion de collaborer avec un artiste en dehors du domaine classique, qui serait-il ?

J’aime l’art cinématographique, je ferais probablement de la musique de film. Comme pour les compositeurs, il y a toute une liste de réalisateurs que j’aime pour des raisons diverses.

Un jour, j’aimerais participer à un projet de musicothérapie pour les enfants rescapés de la guerre, comme l’ont fait Nigel Osborne et Brian Eno en Bosnie-Herzégovine. J’ai une immense admiration pour les musiciens qui sont capables de faire ce genre de travail.

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Il n’y a pas meilleure réplique au silence mystérieux de Mélisande que l’oeuvre de la compositrice croate Mirela Ivicevic : rebelle, personnelle, ancrée dans le présent. Le Brussels Philharmonic créera son nouveau concerto pour violon, avec, pour soliste, Ilya Gringolts.

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