Brussels Philharmonic | un nouveau concerto pour violon

un nouveau concerto pour violon

Passé, présent et … un monde parallèle

Les trois piliers du Concerto pour violon de Daan Janssens

texte : Jasper Croonen

-----

Le Concerto pour violon de Daan Janssens sera créé par Brussels Philharmonic le 30 janvier à Flagey. Cette commande s’inscrit dans un parcours pluriannuel au cours duquel le Brussels Philharmonic présente chaque année une nouvelle création d’un compositeur belge, écrite pour un musicien de l’orchestre.

Fasten Seat Belts! · 30.01.2026 · Brussels Philharmonic LAB @ Flagey

Sous la direction d’Ilan Volkov, le Brussels Philharmonic a choisi la Deuxième et la Sixième Symphonie de Luc Brewaeys : dans cette dernière, Brewaeys rassemble tout ce qu’il défend - la richesse des couleurs de la musique spectrale du XXe siècle, une orchestration audacieuse et une confrontation avec l’électronique. C’est indubitablement influencé par cet élan que Daan Janssens a écrit un nouveau concerto pour violon, orchestre et surround electronics.

découvrir plus

Un voyage à rebours

« On ne peut pas écrire un concerto sans assumer l’histoire de cette forme. »

Le compositeur Daan Janssens est manifestement très conscient du poids de l’histoire qui repose sur ses épaules. La nouvelle œuvre qu’il compose pour notre violoniste Samuel Nemtanu s’appuie en effet sur l’une des structures les plus traditionnelles de l’histoire de la musique, dont on ne peut guère s’affranchir, même au vingt-et-unième siècle.

« Mon Concerto pour violon fera de toute façon référence à la tradition, ne serait-ce que par son titre. En outre, il contient plusieurs éléments traditionnels. Le soliste s’affirme avec virtuosité face à l’orchestre, entre parfois en dialogue avec cette masse, mais l’œuvre recèle aussi de nombreux passages où le soliste se fond véritablement dans la couleur symphonique. »

Beaucoup de compositeurs s’enlisent dans une quête crispée de renouveau au sein du concerto pour violon, cherchant, en vain, à se défaire de ce fardeau historique. Pour Janssens, la solution réside précisément dans l’acceptation de cette tradition. « On peut créer quelque chose de neuf en déconstruisant entièrement le violon et en le faisant sonner comme un instrument n’ayant plus rien à voir avec l’original. Mais je trouve bien plus stimulant de créer du nouveau en gardant un pied dans le passé, tout en éveillant, de l’autre, un univers entièrement différent. »

Une composition

ancrée dans l’aujourd’hui

Ce regard par-dessus l’épaule est étroitement lié à nos habitudes d’écoute contemporaines. Nous appartenons aux premières générations pour lesquelles l’histoire entière de la musique est constamment à portée de main.

« La musique est omniprésente. Tout se trouve sur Spotify et sur YouTube. Lorsqu’une nouvelle œuvre est créée à New York, elle est accessible dans le monde entier dès le lendemain. Tout est devenu si disponible. Cela a transformé non seulement notre façon d’écouter, mais aussi notre raison d’écouter. Cela vous permet d’élargir considérablement votre cadre de référence, non seulement d’un point de vue historique, mais aussi dans votre regard sur la vie musicale qui vous entoure. Aujourd’hui, on ne peut pas écrire un concerto pour violon sans faire référence à toute la musique qui entoure cette nouvelle œuvre. »

Grâce à cette ouverture, même une forme ancestrale comme le concerto peut sonner contemporain. Dans la nouvelle partition de Janssens, cela passe notamment par l’ajout d’électronique au tissu symphonique. Pour le compositeur, c’est une manière de jouer avec les conventions du dispositif scénique. La disposition d’un orchestre symphonique est fixée depuis plusieurs siècles, mais l’usage d’éléments électroniques implique d’emblée un jeu spatial : par quels haut-parleurs passe le son, et où ces enceintes sont-elles placées dans la salle ?

« Ce procédé ouvre complètement l’espace acoustique. L’expérience devient plus immersive, comme si Flagey se transformait en votre installation personnelle de son surround, vous rapprochant ainsi des habitudes d’écoute individuelles d’aujourd’hui. Par ailleurs, je peux utiliser l’électronique pour me démarquer de la tradition. Elle apparaîtra par exemple dans la cadence, une section habituellement réservée au soliste. »

Janssens a trouvé une source d’inspiration dans la série Netflix Stranger Things. Dans cette série de science-fiction horrifique, un portail s’ouvre sous la paisible ville américaine de Hawkins, donnant accès à une autre dimension : l’Upside Down, un lieu hanté par des monstres lovecraftiens tels que le demogorgon ou le mind flayer. À Bruxelles, nul besoin de craindre pareilles créatures. Mais l’idée d’un monde inversé traverse bel et bien cette nouvelle partition.

Jasper Croonen

Un monde à l’envers sans demogorgon

Il était également essentiel que l’électronique fasse partie intégrante de la composition dès le début. « Elle ne doit pas être la sauce que je verse à la fin sur la partition », souligne Janssens.

Ici encore, notre société du streaming a joué un rôle. Janssens a trouvé une source d’inspiration dans la série Netflix Stranger Things. Dans cette série de science-fiction horrifique, un portail s’ouvre sous la paisible ville américaine de Hawkins, donnant accès à une autre dimension : l’Upside Down, un lieu hanté par des monstres lovecraftiens tels que le demogorgon ou le mind flayer.

À Bruxelles, nul besoin de craindre pareilles créatures. Mais l’idée d’un monde inversé traverse bel et bien cette nouvelle partition. « Je considère l’électronique dans le concerto pour violon comme une sorte d’univers parallèle. On peut renforcer certains gestes ou appliquer des effets sur le violon qui renversent toute attente quant à son timbre. Les éléments joués par Samuel peuvent être répétés et transformés dans l’électronique, rendant incertain l’auteur de chaque son. Et grâce au dispositif surround, le son peut surgir de directions inattendues. L’espace devient ainsi un lieu parallèle : l’immense appareil sonore de l’orchestre se dresse devant vous, tandis que l’électronique vous entoure et vous désoriente. »

Janssens Nemtanu Quote inv EN

Mission: Violin

Daan Janssens signe un nouveau concerto pour violon pour Samuel Nemtanu, chef de pupitre des seconds violons. Mission: Violin suit leur collaboration — portée par un dialogue de plusieurs années — des premières esquisses jusqu’à la création mondiale à Flagey, avec les surround electronics comme univers sonore indispensable autour de l’orchestre.

Plongez en exclusivité dans les coulisses et découvrez comment compositeur et soliste se provoquent, se nourrissent et s’inspirent tout au long de cette nouvelle série de vidéos et de podcasts.

Oor Sprong NEW s02e01

Oor-Sprong : nouvelle saison

mettez votre casque et entrez dans l’atelier de Daan Janssens et Samuel Nemtanu : ce podcast vous emmène au plus près du nouveau concerto pour violon, de la première esquisse à la création mondiale le 30 janvier 2026

Soundlab 3 Holosound

SOUNDLAB #3

installations interactives pour oreilles curieuses – à vivre pendant les LAB-SERIES